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Le 22 juillet 1996, M. Jean-Claude Chanson nous a remis quatre carnets ayant appartenu à Bernard Bouvier (1861-1941). Ces carnets contiennent le journal de Bouvier pour la période 1888-1892. Les deux premiers carnets portent une étiquette sur laquelle sont inscrits le nom de leur propriétaire, le « Journal de Berlin » ainsi que les années de rédaction (1888-1889). Ils ont été rédigés durant le séjour professionnel de Bernard Bouvier à l’Université de Berlin, entre le 30 octobre 1888 et le 28 juillet 1889. Les deux autres carnets, qui étaient à l’origine des agendas, traitent quant à eux des années 1891 et 1892.
Bernard Bouvier, fils d’Auguste Bouvier (1826-1893), est un homme de lettres genevois. Après des études à l’École normale supérieure à Paris (1883-1886), il occupe un poste de lecteur de français à l’Université de Berlin (1887-1889). De retour à Genève, il enseigne à l’école secondaire des jeunes filles et est nommé professeur de langue et littérature allemande à l’université (1890-1895). Il fonde le séminaire de français moderne (1891) ainsi que les cours de vacances (1892). Entre 1895 et 1924, il occupe la chaire de littérature française, improvisation et diction. Il est nommé vice-recteur en 1904, puis recteur de l’Université de Genève entre 1906 et 1908.
Dans son « Journal de Berlin » (I et II, 1888-1889), Bernard Bouvier nous informe sur son séjour dans la ville allemande où il donne à l’université un séminaire sur l’école romantique tout en donnant des leçons particulières. Il prépare également sa thèse sur l’influence de Rousseau sur la littérature allemande. Les deux journaux manuscrits de son séjour berlinois fournissent de nombreuses informations non seulement sur sa vie professionnelle universitaire, mais également sur son cercle de sociabilité : il décrit certaines de ses journées, divisées entre ses cours et ses relations amicales : Bernard Bouvier semble appartenir à un réseau de compatriotes particulièrement développé. Il commente également les pièces de théâtre et les concerts qu’il va voir régulièrement. Ces journaux permettent également de saisir la complexité d’une carrière à l’étranger, loin de sa famille : la pression professionnelle et familiale poussent parfois l’auteur à la mélancolie, notamment concernant l’absence de sa fiancée, Mathilde Ott, ou l’approche de son agrégation. Quelques allusions aux évènements européens sont également présentes (tensions politiques franco-allemandes, séjour du roi d’Italie Humbert Ier, entrée à Berlin de la fiancée du prince Léopold, etc.).
Les deux agendas du fonds (1891-1892), utilisés comme des journaux, contiennent également la description des activités journalières de Bernard Bouvier à Genève. Il semble solidement ancré dans le paysage universitaire genevois. En parallèle, il donne des cours de littérature allemande à l’école secondaire. L’implication de Bernard Bouvier au sein de l’université de Genève permettent de découvrir les tensions, jeux d’influences qui y prennent place. Une grande partie de ces agendas est consacrée à sa vie de famille, nombreuse et soudée. On y découvrira aussi la naissance de son premier enfant, Adolphe Auguste (1891-1962).
Parmi les relations citées par Bernard Bouvier, on note: Raoul Pictet, Emile Céllerier, Charles Bally, Fernand Chavannes, Edouard Rod. |
