Ce fonds comprend les 345 textes reçus par les Archives de la Vie privée dans le cadre du concours d'écriture autobiographique organisé par l'association en 1999, « année internationale de la personne âgée ».

Lancé à l'occasion du salon du livre 1999 et intitulé « Savoir d'où l'on vient, comprendre où l'on va », le concours proposait aux personnes de plus de 60 ans de raconter leur vie ou d'en relater un ou plusieurs épisodes en cinq pages dactylographies ou dix pages manuscrites au plus. Il leur était également proposé de s'inspirer d'une photo, d'un objet ou d'un lieu pour faire appel à leurs souvenirs. L'objectif était d'inciter à l'écriture les personnes qui ont véritablement vécu une époque au quotidien, afin de récolter la mémoire populaire de la région, Haute-Savoie et pays de Gex compris, avant qu'elle ne soit irrémédiablement perdue, et de manière à permettre l'écriture de l'histoire de la vie privée, de la vie quotidienne, des personnes ordinaies. Les initiateurs-trices se proposaient ainsi de jouer le rôle de « sage-femme de la mémoire : avec ce concours, nous espérons amorcer un processus, encourager les gens à accoucher leur vie sur le papier » (entretien avec Anne-Marie Käppeli, Le Temps, 1 mai 1999).

Après lecture des textes, l'écrivaine Sylviane Roche, qui présida le jury, fait le constat suivant : la présence quasi constante de la précarité, précarité qui est affective dans les classes moyennes. « On lit une absence totale de considératin envers les enfants et les femmes. On caches aux premiers la mort de la mère, on les tient dans le secret, on les « place » pour travailler. Quant aux femmes, elles vivaient dans la soumission : à l'omnipotence paternelle, à leur mari, à l'autorité de l'église. Il s'agissait d'une société « fasciste » avec des valeurs autoritaires que personne ne remettait en cause. Les textes révèlent un extraordinaire besoin de le dire » (Le Temps, 2 octobre 1999).

Pour Isabelle Guisan, ces textes « disent le passé avec une précision microscopique, et ce magnifique matériau humain donne la mesure des changements techniques, économiques et sociaux advenus au XXe siècle » (Idem). De nombreux textes évoquent l'enfance (vécue pour certain-e-s avant la première guerre mondiale), l'arrivée de la lumière à gaz, des voitures, les premiers tramways, soit la vie quotidienne dans des milieux pauvres et aisés. Cependant, les textes émanant de personnes dont la vie a été modeste sont majoritaires. Ils proviennent la plupart de Suise romande, mais évoquent aussi la France, l'Egypte, la Réunion, l'Indonésie et ont majoritairement été rédigés par des femmes. Les auteur-e-s décrivent pour la plupart minutieusement un moment de vie et cherchent rarement le sens de leur trajectoire. Les textes s'arrêtent souvent sur un moment choc, notamment ladite Seconde guerre mondiale et ses conséquences. Ils sont quelquefois accompagnés de photographies.

La lauréate du concours est Hélène Stillbacher pour un texte sur la déportation de sa mère au camp de Ravensbrück.

On trouve également dans ce fonds une liste des participants du concours comprenant le nom des auteurs et le n° de leur texte, ainsi que des fiches thématiques et chronologiques, réalisées par Marie-France Lafrance, pour les textes 1 à 84 et le texte n° 288.