L'essentiel du fonds tourne autour d'Edgar Masson (1852-1910) et de son épouse Elia Masson née Ternan (1860-1935). Le couple s'établit en 1881 à Carouge ; Edgar est médecin et pratiquera près de 30 ans dans cette ville. Ils ont six enfants nés entre 1882 et 1900 : Edmée, Renée, les jumeaux Edgar et Raoul, Guy, et Elia. Les trois garçons sont médecins, Edmée et Elia sont artistes peintres, Renée est mathématicienne puis actuaire. La famille est de tendance féministe et socialiste (Guy est brigadiste).

La famille Masson est originaire de Veytaux, près de Villeneuve. D'anciens documents sont conservés et recopiés, à commencer par des réceptions à la bourgeoisie de Villeneuve en 1605 et 1619. Des études généalogiques complètent cette recherche des origines dès 1786 (extraits du registre des baptêmes de Montreux), elles se poursuivent en  1813 (notice généalogique sur sept générations), et continuent jusqu'en 1913 au travers des recherches de Renée et Guy Masson.

Le père d'Edgar, Jean-François Masson (1828-1902, 9ème génération) était médecin, écrivain et journaliste (correspondant du Journal de Genève à Berne) ; il se fait appeler « J.F. Masson de Villeneuve ». Il épouse Marie-Madeleine Müller. Edgar est l'aîné de huit enfants nés entre 1852 et 1869. Cette branche des Masson descend de Jean-François Masson (1717-1812, syndic et hospitalier, 6ème génération).

Les archives de famille recèlent des documents personnels (certificats d'origine, passeports, certificats et diplômes, thèses, testaments), des titres et contrats (acquisitions et ventes, partages, échanges, mariages), des documents concernant le service militaire (dont un congé de Garde-Suisse du Roi de 1789), des procédures et pétitions, quelques actes des autorités et des textes littéraires. Certains documents viennent des branches alliées, par les épouses : la famille Michel de Pallens-sur-Montreux, la famille Vallon de Villette (commune de Cully), la famille Müller de Thoune et finalement la famille Ternan-Roques (dont une vente aux enchères à Bognor en Angleterre). 

Un conflit concernant l'usage de prés s'étend de 1702 à 1765 (famille Michel). Une liasse de titres concerne une maison à Oron-dessus (1750-1825). L'accès aux communaux de Veytaux par des propriétaires résidant hors de la commune est disputé (1802-1826). Des certificats d'étude et documents de carrière ont été conservés pour Edgar et pour ses quatre plus jeunes frère et sœurs (1875-1928).

L'histoire d'Adelaïde Roques et de sa fille Elia Ternan-Masson, pour ce qui peut être déduit des papiers conservés, est exceptionnelle. La famille Roques est originaire d'Agen, elle émigre en Angleterre et c'est à Londres que vivent les frères et sœur Dulcide, Adélaïde et Alexandre Roques. Adélaïde disparaît vers 1859, elle épouse Henry Ternan en cachette de sa famille et Elia naît en 1860. Adélaïde vit avec sa fille en 1866 à Bognor Regis (Sussex de l'Ouest, Angleterre). Elle vend les biens de Bognor en 1868, s'établit à Paris et dirige un « Pensionnat & Cours de Jeunes Demoiselles » ; Elia est placée en pension chez madame Allen. Adélaïde a six adresses différentes en deux ans, puis elle décède subitement à Paris le 13 juin 1870. Un « marchand en nouveautés » anglais, James Reid, s'occupe des formalités. La petite orpheline sans famille est officiellement placée chez Remaudet & Allen. Elle est peut-être accueillie dans la famille Reid, où il y a deux fillettes un peu plus jeunes qu'elle, et avec qui elle restera en relation (Tina et Bertie, voir les photographies des familles Reid et Cathelineau). Plus tard, Elia est adoptée par Albinia Chave, veuve d'un pasteur anglican, femme riche et généreuse accueillant plusieurs enfants.

Madame Chave recherche la famille d'Elia en Angleterre et fait paraître en janvier 1874 une annonce dans un quotidien londonien. Dulcide Roques répond immédiatement : Adélaïde Roques est sa sœur disparue 15 ans auparavant. S'ensuit une correspondance et quelques rencontres avec les oncles, tantes et cousins de Londres. Madame Chave et ses protégés habitent à Montcherand, et c'est ainsi qu'Elia fait connaissance de son futur mari, Edgar Masson, médecin à Orbe en 1880. Renée Masson, fille d'Elia, épousera en 1921 son cousin Wilfred Roques (petit-fils d'Alexandre, le frère d'Adélaïde Roques).

La famille Masson de Carouge a deux passions : la montagne et la mer. La montagne, c'est le proche Salève, mais aussi et surtout les week-ends à Vers-l'Église (commune d'Ormont-Dessus) et les excursions dans les Alpes. À l'initiative de Raoul Masson, un abri de berger est transformé en cabane en 1908, à 2300 mètres d'altitude dans le massif des Diablerets. Début d'une aventure qui se poursuit aujourd'hui encore avec le « Club de Pierredar ». La mer, c'est une maison à Porquerolles (îles d'Hyères, proche de Toulon) et des sorties en voilier. Des photographies témoignent de ces deux activités.

Une autre particularité est la correspondance conservée : plus de 1200 lettres, cartes et messages de condoléances entre 1867 et 1950. Dont près de 950 courriers reçus ou écrits par Elia Ternan-Masson, avec ses amies d'enfance, avec son mari, et surtout avec ses filles (pour l'essentiel dans les années 1920, entre Carouge, Paris et Porquerolles, en anglais et en français). Ces courriers racontent le vécu quotidien, ils parlent du temps qu'il fait, de la santé des uns et des autres et de la médecine, des enfants et des études, de la famille et autres relations, des travaux et aménagements, de la peinture, des finances et achats, des voyages et des loisirs.

Les photographies représentent les aïeux d'Egard et Elia (12 clichés), leur vie de famille (68 clichés et un négatif sur verre), les sorties en montagne (56), divers lieux (13), les familles Reid et Cathelineau (26), Porquerolles (28 clichés et 28 négatifs), Pierredar (23 clichés et 8 négatifs dont un sur verre). Pour d'autres clichés 'inclassables', dont nous ne possédons aucune information précise, nous n'avons pas pu établir le lien avec la famille Masson (60).
Ce fonds comprend donc un total de 285 clichés et 37 négatifs conservés.

Le fonds « Masson » occupe 0,70 mètres linéaires, dans sept boîtes d'archives.
Il permet notamment d'aborder les thèmes suivants :
* La vie d'une famille aisée établie à Carouge, 1880-1930 ;
* La correspondance d'une femme bourgeoise, 1870-1930  ;
* La propriété jouxtant le Rondeau de Carouge, 1888-1951 ;
* Porquerolles dans les années 1920, les voiliers ;
* Le Club de Pierredar, les Alpes, 1908-années 1920 ;
* Les formations suivies par une fratrie, 1870-1900 ;
* La généalogie d'une branche de la famille Masson.

Un grand nombre d'enveloppes n'ont pas été conservées, ainsi que certaines photographies.
Les archives nous sont parvenues classées dans des enveloppes, dont les titres des plus récentes - rédigés avec une grosse plume à encre noire - sont d'Elia Masson fille (née en 1900).

Instruments de recherche :
* Tableaux généalogiques établis par Michel Mégard. Copie de la généalogie Bridel de 1813 ; doubles et copies d'avis mortuaires et de nécrologies.
* Mentions bibliographiques dans RERO, autres mentions de la famille Masson sur internet, dont l'historique du club de Pierredar.

Sources complémentaires :
* Fonds Masson 1995-1 aux Archives de la Vie Privée (actes de naissance et d'origine, diplômes, de Guy et Renée Masson ; sauf-conduit pour Guy Masson, Barcelone 1938 ; journal illustré manuscrit Le Caroube).
* Correspondance d'Edgar Masson père, 1884-1887, 3 f., au Musée d'histoire des sciences (cote MHS 920 MAS).
* « Le Club de Pierredar », association fondée le 23 août 1908, dont le but est l'entretien et la gestion du refuge de Pierredar. Site web www.pierredar.ch. Dont L'historique du Club de Pierredar, album de photos sur l'ancien refuge, par Carine Durussel.
* Fonds « Club de Pierredar, 1906-2005 » aux Archives cantonales vaudoises (PP 242).

Don de Mme Ch. Bauquis